25 mars 2017 à 11:01

Peut on se doper aux échecs

salut les bouquets,

voici un article qui est passé dans le journal Libération. A vous de juger

PEUT-ÊTRE aura-t-il échappé à certains lecteurs de « Passeur de sciences » que l’auteur de ce blog couvre (de loin en loin) cette discipline particulière que sont les échecs et ce depuis le match de 1993 entre le Russe Garry Kasparov et Nigel Short, qui vit le premier nommé conserver aisément sa couronne mondiale. Qui suit l’actualité du jeu des rois sait qu’une des questions les plus sensibles aux échecs concerne la « triche ». Il s’agit pour l’essentiel de joueurs qui bénéficient – illégalement – d’une assistance, en général informatique : les tricheurs mettent au point des systèmes élaborés pour recevoir en direct les meilleurs coups sélectionnés par un logiciel (le moindre programme du commerce étant désormais plus fort que le champion du monde). Reste la question du dopage. Bien que la Fédération internationale des échecs (FIDE) ait adopté un règlement contre l’assistance pharmacologique, peu de travaux ont essayé de prouver que la prise de certains produits était de nature à améliorer substantiellement la performance des joueurs.

C’est ce que vient de faire une équipe allemande à l’occasion d’une étude publiée dans le numéro de mars de la revue European Neuropsychopharmacology. Les échecs se distinguent des autres sports par le fait que, même si une bonne forme physique est indispensable pour tenir le choc d’un tournoi, la performance est essentiellement d’ordre cognitif et que le cerveau est bien plus difficile à « gonfler » qu’un muscle. Les psychostimulants existent certes en nombre important mais encore faut-il qu’ils ne vous fassent pas « planer », auquel cas vous seriez incapable de disputer une partie… Pour leur expérience, les chercheurs allemands ont donc sélectionné trois molécules aux effets relativement modérés : le méthylphénidate, plus connu sous son nom commercial de Ritaline, prescrit pour les troubles de déficit de l’attention mais aussi pris par certains étudiants en phase d’examens pour sa capacité à améliorer la mémoire et la vitesse de réflexion ; le modafinil, préconisé dans le traitement contre la narcolepsie, qui augmente l’attention et la vigilance ; la caféine, excitant bien connu qui stimule l’activité cérébrale.

Les chercheurs se posaient à l’origine la question suivante : ces substances pouvaient-elles améliorer significativement les performances cognitives de personnes déjà entraînées à faire turbiner leur encéphale ? L’idée est naturellement apparue de tester ces produits sur des joueurs d’échecs, dont le niveau est mesuré de manière précise par leur classement. Ces scientifiques ont donc élaboré une étude suivant les standards en la matière : des sujets répartis de manière aléatoire dans quatre groupes (Ritaline, modafinil, caféine, placebo) et une procédure en double aveugle (ni le participant ni l’examinateur ne sait quel produit a été administré). En échange d’un dédommagement de 400 euros, une quarantaine de joueurs allemands de 18 à 60 ans, dotés d’un classement moyen de 1670 points Elo – ce qui en fait d’honnêtes joueurs de club – ont pris part à l’expérience.

Un bénéfice surprise

Le protocole était le suivant : arrivée à 8 heures ; petit déjeuner ; mesure de la température, de la pression artérielle et du rythme cardiaque ; divers questionnaires servant à évaluer la vigilance, la flexibilité cognitive, l’humeur, l’impulsivité, etc. ; prise du produit ; dix parties contre le programme Fritz 12 dont la force était réglée exactement sur le classement de chacun, de façon à ce que le score final soit, normalement, équilibré. Les sujets disposaient d’un temps de réflexion de 15 minutes par partie, contre 6 à la machine qui n’était pas autorisée à répliquer instantanément (comme elle peut le faire dans la phase de l’ouverture où elle ne fait que piocher ses coups dans une bibliothèque, sans rien calculer) de façon à ne pas exercer de pression psychologique sur l’humain qu’elle affrontait. Après environ deux heures et demie de jeu, les joueurs faisaient une pause, déjeunaient, avaient droit à une seconde dose du produit qu’ils avaient pris le matin et repartaient pour une série de dix parties.

Après quelques sessions de cet acabit, les chercheurs avaient cumulé les résultats de plus de 3 000 rencontres. A première vue, rien de bien flagrant ne ressortait. En y regardant d’un peu plus près, les chercheurs se sont aperçus que les participants ayant pris un des trois psychostimulants faisaient preuve d’un changement de comportement par rapport aux sujets sous placebo : ils réfléchissaient plus longtemps. Ce qui induisait un plus grand nombre de parties perdues… au temps. Si l’on excluait toutes les défaites à la pendule, un réel bénéfice apparaissait pour les personnes sous Ritaline et modafinil (il était léger et non significatif pour la caféine) : cela équivalait à gagner une partie supplémentaire sur les 20 jouées en une journée et à avoir un classement augmenté de quelques dizaines de points. Comme l’a reconnu un des auteurs de l’étude, Klaus Lieb, au magazine Worldchess.com, ce bénéfice est venu comme une surprise : « Nous pensions essentiellement qu’il n’était pas possible d’améliorer les performances dans les tâches hautement cognitives et nous avons été stupéfaits de trouver pareils résultats. »

Le manque de contrôles antidopage

L’étude ne peut dire exactement quels mécanismes cérébraux profitent des molécules testées, si ce n’est que la prise de ces produits incite le joueur à consommer plus de temps de réflexion et donc à approfondir ses calculs. Est-il plus concentré, ce qui lui permet de ne pas perdre le fil des variantes et de voir un coup plus loin ? Arrive-t-il à en analyser et à en mémoriser davantage ? A-t-il une meilleure représentation de l’espace, grâce à laquelle il peut imaginer sur son échiquier interne les positions futures ainsi que les zones d’influence des diverses pièces ? Les auteurs ne peuvent encore répondre à ces questions et soulignent que leur travail doit être reproduit, notamment en parties longues où les psychostimulants pourraient être plus utiles que lors des blitz où l’on ne peut se permettre de réfléchir trop longtemps.

Ils soulignent en conclusion que, à la différence de la caféine, la Ritaline et le modafinil figurent sur la liste des produits interdits par la FIDE qui a calqué ses recommandations sur celles de l’Agence mondiale antidopage. Toutefois, hormis au plus haut niveau professionnel, les contrôles sont très rares, ce que savent bien les joueurs de club. Etant donné que l’effet des psychostimulants n’est pas négligeable, il serait donc avisé de renforcer la surveillance. Selon Worldchess.com, Klaus Lieb a effectué un sondage auprès de 1 500 joueurs allemands qui ont notamment été interrogés sur leur consommation de Ritaline et de modafinil. Klaus Lieb n’a pas voulu divulguer les résultats, les jugeant si intéressants qu’ils pourraient faire l’objet d’une autre publication scientifique…

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